Les sachets et billes de nicotine seront interdits en France dès le 1er avril 2026

Incidence des sachets et billes de nicotine sur les dents et les gencives

Introduction

Les sachets de nicotine (oral nicotine pouches — ONP), parfois appelés « billes » ou « portions » de nicotine lorsqu’ils sont présentés en petites unités, se placent sous la lèvre et libèrent de la nicotine par la muqueuse buccale. Leur popularité a augmenté rapidement ces dernières années, promue comme alternative sans combustion au tabac fumé. Mais quel est leur impact réel sur la santé bucco-dentaire — notamment sur les dents, les gencives et la muqueuse orale ? Cet article fait le point sur les connaissances scientifiques actuelles, synthétise les mécanismes physiopathologiques plausibles et signale les lacunes de la recherche. PMC

Mécanismes biologiques par lesquels la nicotine orale peut affecter la bouche

Effets directs de la nicotine sur les tissus gingivaux et l’os alvéolaire

La nicotine a des effets pharmacologiques sur les cellules de la muqueuse orale et du parodonte : elle modifie la réponse inflammatoire, interfère avec la prolifération et la migration des fibroblastes gingivaux, et peut altérer la formation du collagène. Ces actions rendent les tissus parodontaux plus vulnérables aux infections et ralentissent la guérison des lésions. Des revues récentes montrent que, bien que la combustion du tabac apporte des toxiques supplémentaires, la nicotine seule demeure biologiquement active et peut contribuer à l’inflammation parodontale. PMC

Irritation locale et altérations de la muqueuse

Le placement prolongé d’un sachet au même endroit expose la muqueuse à une forte concentration locale de nicotine, d’alcali (par ex. carbonate de sodium ajouté dans certains produits pour favoriser l’absorption) et d’arômes. Ceci est associé à des lésions locales observées cliniquement : blanchiment de la muqueuse, ulcérations, papilles en relief ou hyperkératose, et sensation de brûlure ou de sécheresse. Plusieurs séries de cas et revues rapportent ces effets locaux, dont l’intensité semble corrélée à la durée et à la fréquence d’utilisation. BioMed Central

Effets cliniques observés sur les dents et les gencives

Récession gingivale et perte d’attache

Les études sur le snus (produit à base de tabac placé comme un sachet sous la lèvre) montrent un signal préoccupant : une association entre l’utilisation prolongée et la récession gingivale localisée (rétraction de la gencive qui expose la racine dentaire). Bien que les preuves spécifiques pour les sachets sans tabac (ONP) soient encore limitées, plusieurs études récentes notent des signes de récession et d’irritation gingivale chez des utilisateurs exclusifs de sachets de nicotine ou chez des personnes ayant remplacé le snus par des sachets de nicotine. Un grand essai populationnel norvégien et travaux scandinaves documentent une prévalence accrue de récession gingivale autour des sites de placement du produit. sciencenorway.no

Lésions muqueuses (ulcères, érythèmes, kératoses)

Des revues et des études de cas ont rapporté des lésions muqueuses — allant de l’irritation transitoire à des plaques blanches ou ulcérations persistantes — sur la zone de contact avec le sachet. Certaines études notent que ces lésions peuvent régresser si l’utilisateur cesse de placer le produit au même endroit ou arrête complètement. Toutefois, il existe des inquiétudes théoriques concernant la chronicité de l’irritation (traumatisme chimique/physique répété) et le risque — encore non démontré de façon robuste pour les ONP — d’évolution vers des lésions dysplasiques ou malignes sur le long terme ; la littérature recommande donc une surveillance prudente. BioMed Central

Carie dentaire et sécheresse buccale

Plusieurs sources indiquent que la sécheresse buccale (xérostomie) est un effet signalé chez certains utilisateurs de sachets de nicotine. La diminution du flux salivaire augmente le risque de carie et favorise un microbiote plus cariogène. Par ailleurs, le fait de garder un sachet en bouche pendant des heures peut modifier l’hygiène locale (accumulation de plaque), surtout si l’utilisateur néglige le brossage ou garde systématiquement le sachet au même emplacement. Ces mécanismes suggèrent un risque indirect accru de caries et de problèmes parodontaux. PMC

Hygiène bucco-dentaire pour les consommateurs de sachets de nicotine

Conseils pratiques pour protéger dents et gencives

Pour les utilisateurs de sachets ou billes de nicotine, maintenir une hygiène bucco-dentaire rigoureuse est essentiel pour limiter les effets irritants et réduire le risque de récession gingivale et de caries. Plusieurs pratiques peuvent être particulièrement bénéfiques :

• Brossage avec brosse à dents sonique : Les brosses à dents soniques permettent un nettoyage plus efficace grâce à leurs mouvement de haut en bas. Elles éliminent mieux la plaque dentaire même dans les zones difficiles d’accès, là où les sachets sont souvent placés.

• Dentifrice ozoné : Les dentifrices enrichis en ozone peuvent contribuer à réduire la charge bactérienne et favoriser la cicatrisation des petites irritations ou ulcérations de la muqueuse.

• Jet dentaire à l’ozone : L’utilisation d’un jet dentaire à l’ozone permet de nettoyer les espaces interdentaires tout en ayant un effet antibactérien et anti-inflammatoire, réduisant ainsi le risque de parodontite et de caries.

En combinant ces méthodes, les consommateurs de nicotine orale peuvent limiter les dommages locaux, protéger leurs gencives et maintenir une bonne santé bucco-dentaire, tout en continuant à suivre un suivi régulier chez le dentiste pour surveiller la récession gingivale et les éventuelles lésions de la muqueuse. Cependant, rien ne remplace l'arrêt de produits nicotinés pour améliorer votre santé générale et bucco-dentaire.

Comparaison avec d’autres formes de nicotine (snus, NRT, cigarettes)

Snus vs sachets sans tabac

Le snus (sachet contenant du tabac humide) est depuis longtemps étudié et est associé à des lésions muqueuses locales et à la récession gingivale. Les sachets sans tabac (ONP) contiennent de la nicotine mais souvent moins de composés de combustion ; certains travaux suggèrent que les ONP peuvent provoquer des effets buccaux similaires à ceux du snus (lésions locales, irritation), bien que le profil chimique diffère selon les marques (présence d’alcali, d’arômes, et parfois d’autres composés détectés par analyse chimique). Les données épidémiologiques directes pour comparer long terme les risques de perte dentaire ou de cancer oral restent insuffisantes. sciencenorway.no

Nicotine de substitution (gommes/patchs)

Les produits de substitution nicotinique (NRT) autorisés à des fins de sevrage (gommes, pastilles, inhalateurs) ont un profil d’innocuité bien étudié ; ils peuvent provoquer des effets buccaux mineurs (aphtes, irritation) mais sont utilisés à des doses contrôlées et encadrées médicalement. Les ONP commerciaux contiennent parfois des doses de nicotine égales ou supérieures à celles de gommes standards, et sont utilisés de façon non supervisée — d’où un risque d’exposition locale plus important et potentiellement d’irritation accrue. Nature

Qualité des preuves et limites actuelles

Ce que disent les revues systématiques récentes

Des revues systématiques et narratifs publiés au cours des 2–3 dernières années concluent qu’il existe des indices d’impacts locaux (irritation, ulcérations, récession) mais que la littérature est encore jeune : études courtes, souvent auto-déclarées, petites séries de cas, et manque d’études longitudinales robustes et indépendantes. Plusieurs revues appellent à des études plus longues, avec examen clinique standardisé, histologie quand c’est pertinent, et contrôles pour tabagisme antérieur. En conséquence, les conclusions restent prudentes : il existe un risque plausible d’effets bucco-dentaires, mais l’ampleur et la chronologie exacte nécessitent encore des recherches. PMC

Biais potentiels et influence industrielle

Une partie des données disponibles provient d’études financées par l’industrie du tabac ou des fabricants eux-mêmes, ce qui oblige à une lecture critique. Des travaux indépendants et émargeant sur des cohortes nationales (p. ex. études scandinaves sur le snus) apportent des signaux cliniques plus solides. Les cliniciens doivent donc combiner prudence et communication transparente avec leurs patients. Oxford Academic

Recommandations pratiques pour les patients et les professionnels dentaires

Pour les utilisateurs ou patients envisageant les sachets de nicotine

• Garder le produit en mouvement : éviter de le placer au même endroit de façon prolongée pour réduire le traumatisme local. dentalcare.com

• Surveiller toute modification locale (douleur, ulcération, tache blanche, récession) et consulter un professionnel dentaire si cela persiste plus de 2 semaines. BioMed Central

• Favoriser, si l’objectif est le sevrage, des produits NRT encadrés médicalement (gommes/pastilles) plutôt que l’usage récréatif non supervisé des sachets de nicotine. Nature

Pour les dentistes et hygiénistes dentaires

• Interroger systématiquement les patients sur l’usage de sachets/billes de nicotine (type, fréquence, site de placement). PMC

• Examiner attentivement la muqueuse dans les zones de contact et mesurer la récession gingivale ; documenter et suivre. PMC

• Fournir un conseil informé sur les risques potentiels et proposer des stratégies de réduction du dommage (déplacement régulier, diminution de la fréquence, aide au sevrage via NRT et counseling). Ada

Conclusion

Les sachets et « billes » de nicotine entraînent des expositions locales importantes à la nicotine et à d’autres composés qui peuvent irriter la muqueuse buccale, favoriser des lésions locales et contribuer à la récession gingivale et à un risque accru d’altérations de l’hygiène orale. Les preuves concordent sur l’existence d’effets buccaux à court terme (irritation, ulcérations, sécheresse) ; les données sur les conséquences parodontales et le risque à long terme (y compris potentiel cancérogène) restent insuffisantes et nécessitent des études longitudinales indépendantes. En pratique, il est raisonnable d’alerter les patients sur ces risques, d’examiner et de documenter les sites de placement, et d’encourager, lorsque l’indication est le sevrage tabagique, l’utilisation de dispositifs NRT éprouvés et médicalement encadrés. PMC

Références sélectionnées (lecture recommandée)

1. « What is the impact of nicotine pouches on oral health: a systematic review » — revue systématique récente et synthèse des effets locaux. PMC

2. « Nicotine pouches: a review for the dental team » — British Dental Journal / article de revue destiné aux cliniciens dentaires. Nature

3. « Emerging Oral Nicotine Products and Periodontal Diseases » — revue sur les mécanismes liant nicotine et maladies parodontales. PMC

4. « Oral mucosal changes caused by nicotine pouches: case series » — série de cas rapportant lésions muqueuses et recommandations cliniques. BioMed Central

5. Études épidémiologiques scandinaves sur le snus et la récession gingivale (exemples d’études comparatives pertinentes pour comprendre les risques localisés). sciencenorway.no

FAQ — Sachets et billes de nicotine et santé bucco-dentaire

1. Qu’est-ce que les sachets ou « billes » de nicotine ?

Les sachets de nicotine, aussi appelés billes ou portions, sont de petites poches contenant de la nicotine, placées sous la lèvre. Ils libèrent la nicotine par la muqueuse buccale, sans combustion, et sont souvent utilisés comme alternative au tabac fumé ou snus.

2. Les sachets de nicotine abîment-ils les dents et les gencives ?

Oui. L’exposition prolongée à la nicotine et aux produits chimiques contenus dans ces sachets peut provoquer :

• Irritation de la muqueuse buccale

• Récession gingivale (rétraction de la gencive)

• Ulcérations ou plaques blanches

• Sécheresse buccale pouvant favoriser les caries

3. Les effets sont-ils similaires à ceux du snus ?

Les sachets sans tabac provoquent des effets buccaux similaires au snus (lésions locales, récession gingivale), bien que le profil chimique diffère. Le snus contient du tabac et d’autres composés de combustion, ce qui augmente certains risques.

4. Les sachets de nicotine peuvent-ils provoquer des caries ?

Indirectement, oui. Ils peuvent réduire la salivation (xérostomie), ce qui favorise la prolifération bactérienne et les caries. De plus, le placement prolongé du sachet peut favoriser l’accumulation de plaque si l’hygiène est insuffisante.

5. Comment limiter les risques bucco-dentaires en utilisant des sachets de nicotine ?

• Ne pas placer le sachet toujours au même endroit

• Maintenir un brossage régulier avec une brosse à dents sonique

• Utiliser un dentifrice ozoné pour réduire les bactéries et favoriser la cicatrisation

• Nettoyer les espaces interdentaires avec un jet dentaire à l’ozone

• Consulter régulièrement un dentiste pour vérifier les gencives et la muqueuse

6. Les sachets de nicotine peuvent-ils être utilisés en toute sécurité pour le sevrage tabagique ?

Ils peuvent être moins nocifs que le tabac fumé en termes de toxiques liés à la combustion, mais leur usage non supervisé comporte des risques bucco-dentaires. Les produits de substitution nicotinique (gommes, pastilles, patchs) restent la solution la plus sûre et encadrée médicalement pour le sevrage.

7. Quels signes doivent alerter un utilisateur de sachets de nicotine ?

Il faut consulter un professionnel dentaire si l’on observe :

• Rétraction de la gencive

• Plaques blanches ou rougeurs persistantes

• Ulcérations qui ne cicatrisent pas

• Sensation de brûlure ou irritation prolongée

8. Les effets des sachets de nicotine sont-ils réversibles ?

Certaines lésions mineures (irritation, plaques) peuvent régresser si l’usage cesse ou si le placement du sachet est changé régulièrement. La récession gingivale, en revanche, est partiellement réversible et nécessite souvent une intervention professionnelle pour la corriger.

Exemple de routine quotidienne pour une hygiène bucco-dentaire impeccable

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Brosse sonique
Aquolab

Dentifrice ozonic

Jet dentaire ozone
aquolab

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